Seigneur, je ne suis qu’un âne.
Il y a tellement longtemps qu’on me dit stupide, paresseux et têtu que je finis par le croire…
J’ai l’impression d’être le plus raté, d’être le dernier des animaux…
Souvent, Seigneur, je suis triste et bien fatigué de ce mépris, de cette indifférence.
On m’a tant frappé, que mon dos est marqué de deux raies en forme de croix.
On s’est tant moqué de moi, que j’en ai honte et je baisse la tête en ne disant plus rien.
Aujourd’hui pourtant, en trottinant dans la poussière du chemin, je me souviens…
Je me souviens de cette nuit froide de Judée.
Quand je fus choisi, avec un bœuf aussi misérable que moi, pour réchauffer de mon haleine,